UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Les Ehpad et les services à domicile en difficulté financière et sociale : causes et conséquences


De multiples facteurs mettent en difficulté les Ehpad et les services à domicile dans notre pays. Certains sont contraints de réduire le nombre de places, quelques-uns de fermer leur établissement et leurs structures.

Ces problèmes préoccupent tant les personnes accompagnées, leurs familles, les proches aidants que les personnels. La fédération Santé Sociaux ainsi que la CFDT Retraités comptent sur des mesures gouvernementales plus importantes pour préserver ce secteur. La fédération Santé Sociaux souligne également des difficultés de recrutement, une organisation du travail percutée par le développement de l’intérim et la formation professionnelle ainsi que l’évolution des qualifications entravée par les corporatismes, ou encore des accords salariaux rattrapés par l’évolution du Smic.

Les problèmes financiers et sociaux

Les principales causes des problèmes financiers et sociaux :
 une tarification encadrée et limitée, qui ne prend pas en compte l’inflation depuis deux ans ;
 des compensations ¬nancières insuffisantes et des retards de paiement de l’État et de conseils départementaux, notamment sur les mesures salariales issues du Ségur de la santé et la prime « grand âge » ;
 les hausses exponentielles de l’énergie et des denrées alimentaires ;
 des effectifs et des formations insuffisants et des conditions de travail pénibles ;
 une image dévalorisée des Ehpad et des métiers depuis l’affaire Orpea sans oublier la gestion de la Covid.

Les conséquences pour les usagers et les structures

Des conséquences sont multiples pour les usagers et les structures :
 des difficultés de recrutement et une moindre stabilité du personnel. À domicile, la moitié des postes ne sont pas pourvus d’après l’Union nationales de l’aide à domicile (UNA) (1), et 25 % des besoins ne sont pas satisfaits selon Stéphan Garrec, responsable CFDT de la branche ;
 des personnes âgées et des familles qui décident de différer l’entrée en Ehpad ;
 des professionnels qui font le choix du travail temporaire, y compris dans les hôpitaux, pour une rémunération supérieure et davantage de liberté dans leur métier.

Cela se traduit par une moindre stabilité du personnel, préjudiciable aux personnes accompagnées, personnes âgées et handicapées et des conséquences sur la masse salariale plus élevée.

Les Ehpad du secteur public et associatif sont plus touchés que ceux du commercial dont les tarifs et les augmentations salariales sont plus élevés. Néanmoins, les déficits touchent tous les secteurs.

Une réforme structurelle est attendue

Ces difficultés et leurs conséquences intéressent toutes les parties prenantes du conseil de la vie sociale (résidents, familles, proches aidants, personnels) soucieuses de préserver la qualité des prestations et du prendre soin, mais aussi les conditions de travail. Sans oublier les représentants des instances territoriales, conseil départemental de la citoyenneté et de l’autonomie, conseil territorial de santé, centre communal d’action sociale, conférence régionale de la santé et de l’autonomie et les Inter CVS.

Le gouvernement a créé un fonds d’urgence de cent millions d’euros d’aides aux Ehpad et aux services d’aide à domicile et un bouclier tarifaire des hausses de l’énergie. 553 millions d’euros sont aussi prévus pour compenser les effets en 2022 et 2023 de l’inflation.

Pour les représentants du secteur, associations et syndicats, on est loin d’une grande réforme attendue. Celle-ci doit être structurelle avec un financement à la hauteur, dont celui du reste à charge pour les personnes en perte d’autonomie et leurs familles. Plusieurs rapports ont proposé des réformes, ainsi que la CFDT. La solidarité nationale doit prendre en charge le défi du grand âge.

[Jacques Rastoul

(1) Source Dares : 224 000 postes à domicile sont non pourvus tenant compte des jeunes débutants.