UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Les Lip témoignent 2/2


« Lip, ça change une vie, sur le moment… et après. » La rencontre, organisée à Besançon par la CFDT Retraités du Doubs et l’Union régionale Bourgogne-Franche-Comté, avait pour objectif de donner la parole aux anciens Lip afin qu’ils disent en quoi cette période a marqué leur vie et puissent retracer leur parcours après Lip.

Les 50 ans de Lip ne pouvaient se faire sans les témoins encore en vie. Au départ du projet, ils n’étaient que quelques-uns, mais au fil des mois, leur nombre s’est accru. Ce sont près de vingt femmes et hommes qui se sont, tour à tour, exprimés sans langue de bois.

Des parcours très divers

Certains se sont investis dans les commissions mises en place pour éviter les licenciements, le restaurant Aux Chemins de Palente, l’Imprimerie La Lilliputienne, le Collectif de Liaison Éducation et Formation ou les Coopératives artisanales de Palente.

Dans l’entreprise, depuis plusieurs années, Roland Vittot, embauché avec un CAP d’ajusteur en 1952, militant CFTC puis CFDT, adhérent du PSU, fut un des leaders. Il raconte son itinéraire après 1983. « On m’a proposé la direction d’un centre de vacances à Clairvaux-les-Lacs. J’y suis resté jusqu’à l’âge de 57 ans. J’ai ensuite, dans le cadre d’un projet européen, assuré l’accompagnement de la formation de bénéficiaires du RMI. » Retraité, il s’engage dans une association d’insertion. Fidèle à son engagement, il est adhérent chez les retraités CFDT.

Préférant les solutions individuelles, certains se sont reconvertis, tel François, dans l’industrie aéronautique, ou Jean-Jacques, à l’Afpa. D’autres sont devenus chefs d’entreprise, Claude dans la pépinière d’entreprises, Charles qui voulait diversifier l’horlogerie. Jean, passé dans la sphère patronale, a toujours gardé sa fibre syndicale, proposant des augmentations salariales tout en étant devenu responsable de la CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises).

Solidarité, engagement, des valeurs pour toute une vie

La plupart reconnaissent que Lip leur a beaucoup apporté. Monique a retenu l’importance de la solidarité et surtout de « ne jamais baisser les bras et rester isolée ». Pour elle, LIP a mis en lumière le « rôle des femmes dans le monde du travail ». Madeleine souligne : « Sans LIP, je ne me serais jamais lancée dans une gérance de magasin. » Michel, l’importance de l’engagement, du respect et de faire les choses convenablement. De son côté, Michelle affirme qu’elle est devenue une « femme combattive grâce à Lip » et qu’elle est fière d’y avoir travaillé. Dominique, qui a suivi le conflit en tant qu’observateur, insiste sur « l’intelligence individuelle de chaque Lip qui fait que chacun a une parole singulière ».

Plusieurs signalent la difficulté de trouver un emploi en Franche-Comté, telle Monique : « Mon étiquette d’ancienne Lip a nui à ma vie professionnelle », alors qu’ils trouvaient un meilleur accueil hors de la région.

Ceux qui ont connu des périodes de chômage expriment leur sentiment de solitude et de perte du goût du collectif, comme Monique « je me suis sentie laissée pour compte ».

Après ces témoignages, plus riches les uns que les autres, Marylise Léon a conclu en insistant sur le rôle des femmes, ouvrières ou proches des acteurs, dans ce conflit.

[Annie Kuhnmunch

Lip, une aventure collective Cette mobilisation a été rendue possible par des femmes et des hommes aux avant-postes, tels Fatima Demougeot, Charles Piaget, Jean Raguenes ou Roland Vittot.
Charles Piaget en 1974 (INA)

Charles Piaget, par son charisme, en a été le rassembleur. Il est décédé le 4 novembre 2023 à l’âge de 95 ans, à l’issue d’une vie tout entière dédiée à l’engagement, qu’il soit syndical, politique ou associatif. Son goût du collectif, ses talents de pédagogue et son sens de l’écoute ont été unanimement soulignés par les témoins présents à la rencontre du 22 novembre. Un hommage lui a été rendu le 10 novembre dernier à Besançon, hommage auquel participaient notamment Jocelyne Cabanal, secrétaire nationale, représentant la Confédération, et Laure Nicolaï, secrétaire générale de l’Union régionale CFDT de Bourgogne-Franche-Comté.