UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Les Ukrainiens âgés à l’épreuve de la guerre


Ce sont les grands oubliés du conflit. En Ukraine, les personnes âgées paient un lourd tribut à la guerre qui ravage le pays avec une violence inégalée depuis bientôt deux ans.

Un quart de la population ukrainienne a plus de 60 ans, soit 10 millions de personnes. Souvent dans l’incapacité de fuir les zones les plus exposées, faute de moyens ou en raison de leur état de santé, elles sont les premières victimes des exactions perpétrées par l’armée russe et ses milices. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, les plus âgés représentaient 34 % des civils tués entre février et septembre 2022. De nombreux Ukrainiens âgés, dont la maison a été bombardée, ont été mis à l’abri dans des maisons de retraite. Ces établissements, déjà sous-dotés en personnel en temps normal, sont aujourd’hui débordés.

Même loin des zones de combat, la vie quotidienne est compliquée dans ce pays dont les infrastructures civiles sont sans cesse attaquées et les services publics mis à mal. De très nombreux retraités ont été privés de leur retraite pendant des longues périodes.

Natalya Levytska, vice-présidente de la Confédération des syndicats libres de l’Ukraine, en témoigne. « Longtemps mes parents n’ont pas pu faire valoir leurs droits à la retraite parce que leurs papiers étaient restés en zone occupée, explique-t-elle. Cela a concerné de nombreux déplacés intérieurs qui avaient quitté le Donbass à partir de 2014. Ce n’est qu’en 2022 que le système a été simplifié par décret ministériel. Aujourd’hui, tout le monde touche sa pension en temps et en heure. »

Des missiles dans son jardin

En Ukraine, où l’âge légal de la retraite est de 60 ans, les pensions sont loin du minimum vital. Leur montant moyen est de 4 236 hryvnias en 2023, soit 104,50 euros, selon le ministère ukrainien de la politique sociale. En réalité, pour plus de 80 % des retraités, il atteint à peine 50 à 70 euros par mois… « Il faut compter 250 euros pour louer un studio à Kiev et le prix des produits alimentaires a explosé, souligne Katia Legrain, bénévole ukrainienne qui partage son temps entre Kiev et Paris. Les retraités se débrouillent comme ils peuvent. Ils ont malheureusement l’habitude de manquer de tout. Le Holodomor [famine organisée par Staline dans les années 1930] est resté gravé dans les mémoires. »

La moindre parcelle de terre est utilisée pour faire pousser des légumes que l’on met en conserve pour l’hiver. La grand-mère de Katia, encore autonome à 97 ans, vit dans un village près de Tchernihiv, dans le nord de l’Ukraine.

« Deux missiles sont tombés dans son jardin sans exploser, raconte sa petite-fille. Elle est sur la liste d’attente des services de déminage. » Occupé par les Russes, puis libéré en avril 2023, le village a été pendant plusieurs semaines privé d’électricité, les Russes ayant coupé toutes les connexions. L’entraide entre voisins a heureusement permis de pallier bien des difficultés.

Une population solidaire et résiliente

À Tchernihiv, ville qui a subi d’importantes destructions, Irina, Andreï, des amis de Katia, ont constitué une brigade de volontaires pour repérer, immeuble par immeuble, les personnes âgées isolées, veiller sur elles et leur apporter repas et médicaments. Un exemple de la solidarité et de la résilience dont fait preuve la population ukrainienne.

À plus de deux mille kilomètres de là, les réfugiés ukrainiens en France n’ont pas oublié le bruit des bombes. Certains ont rejoint un proche, d’autres vivent en hébergement social et bénéficient du régime de protection temporaire mis en place dans les pays de l’Union européenne. S’ils expriment leur reconnaissance envers la France qui les a accueillis, presque tous rêvent de retrouver leur vie d’avant. Quitte parfois à prendre leur billet de retour pour un pays en guerre.

[Marie-Nadine Eltchaninoff