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Les enjeux du bio dans les années à venir


Actuellement, dans la grande distribution, se développent des rayons de produits bio, sous le prétexte avancé que ces produits doivent être accessibles à l’ensemble de la population. Mais derrière les étals…

Carrefour qui est le leader en France a lancé une dizaine de magasins Carrefour Bio. Lidl propose aussi depuis la rentrée 2016 toute une gamme de produits bio baptisés « Si bon, si bio ». La grande distribution redouble d’appétits pour le bio, même si ce secteur ne représente somme toute que 3 % de la consommation alimentaire en France. C’est un début plutôt encourageant.

Ne serait-ce pas plutôt une stratégie commerciale visant à endiguer l’érosion d’une clientèle de plus en plus consciente de la malbouffe ? Ces produits certifiés « Bio » arrivent de grandes exploitations maraîchères spécialisées dans des produits précis (tomates, salades, fruits…), provenant même de pays européens. Selon l’Agence Bio, les surfaces de terre agricole engagées en bio en France ont affiché en 2015 une forte progression d’un peu plus de 23 %. La reconversion jouerait à plein pour des agriculteurs qui sont déçus de l’agriculture conventionnelle, possèdent une éthique plus forte et rechignent à utiliser sans discernement des pesticides qu’ils savent dangereux pour les consommateurs, pour eux-mêmes et pour la planète.

Dérive

Une étude récente de l’Institut Technique de l’Agriculture Biologique (ITAB), commandée par le ministère de l’Agriculture, s’intéresse aux externalités de l’agriculture biologique. Ses conclusions sont claires : « L’agriculture biologique a de réels avantages par rapport à l’agriculture chimiquement intensive qu’il s’agisse du climat, de la biodiversité ou encore la qualité de l’eau, de l’air et des sols. »

Cela dit, les conditions de production et de transport de ces produits maraîchers bio par exemple ne comptabilisent pas le bilan carbone. Et les conditions de travail des salariés ne sont pas prises en compte, ni d’ailleurs le monopole des grands semenciers. Actuellement, la biodiversité potagère et fruitière a perdu 75 % de ses variétés comestibles. Les tomates sont par exemple produites dans de grandes serres chauffées qui fonctionnent toute l’année, de façon à conserver une clientèle habituée à leur consommation en hiver. Le système productiviste est ainsi reproduit afin de rentabiliser les investissements. Dans ce contexte, consommateurs, mais aussi producteurs « bio » locaux et de proximité de la première heure dénoncent cette dérive.

Passe à côté

Le nombre de fermes tournées vers le bio a augmenté de 9 %, avec 28 884 exploitations en France. Elles ne représentent pourtant à elles seules que 10 % des emplois agricoles français. Où est donc passée la philosophie du bio, basée à la fois sur la qualité des produits, le bien-être animal et le respect des conditions sociales des producteurs et des salariés ?

À travers la création des collectifs de producteurs et de consommateurs, appelés aussi « consomm’acteurs », nous nous devons de réagir. Nous nous devons d’apporter par exemple des solutions pour que l’ensemble de la population puisse accéder vraiment à ces produits bio. Et pas seulement quelques privilégiés.

C’est pourquoi, il reste indispensable de développer un système de groupements d’achats performants. Il s’agirait, et c’est relativement simple, d’installer dans les quartiers, au plus près des populations aux revenus modestes, des lieux où il serait possible d’accéder à des produits bio avec des volumes suffisamment importants pour diminuer les coûts. En répondant aux besoins de cette population qui passe finalement, bien malgré elle, à côté d’une alimentation plus saine, on pourra ainsi veiller à l’équilibre sanitaire de la collectivité. Moins d’obésité entraînera moins de dépenses de santé pour la collectivité.

Jean-Bernard Brière

La biodiversité potagère et fruitière a perdu 75 % de ses variétés comestibles.
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