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Quel avenir pour le travail ?


2019 marquera le centenaire de la création de l’Organisation internationale du travail (OIT). Son actuel directeur général, Guy Ryder, ancien secrétaire général de la Confédération internationale des syndicats (CSI), a profité de cette perspective pour mettre en place, en août dernier, une commission mondiale sur l’avenir du travail.

Cent ans, c’est long surtout pour une organisation internationale qui a traversé la Seconde Guerre mondiale, la guerre froide, la chute du mur et leurs conséquences. Mais cette organisation a su garder sa composition tripartite et se battre pour améliorer de par le monde la condition des travailleurs, conformément à son objectif défini par le traité de Versailles, conforté par la Déclaration de Philadelphie adoptée en 1944.

Un bilan imposant

En presque cent ans, les délégations nationales tripartites ont adopté près de 200 conventions et protocoles lors des conférences internationales du travail, ainsi que 205 recommandations. Si les 187 États membres n’ont pas ratifié toutes ces conventions, ils sont de plus en plus nombreux à avoir accepté l’application des plus importantes. Ce bilan sera mis en valeur en 2019, tout comme les nombreux programmes techniques financés par les États « riches » : IPEC (travail des enfants), Forced Labor (travail forcé), Pamodec (droits fondamentaux au travail).
Guy Ryder entend ne pas se cantonner à ce bilan historique et a lancé une vaste réflexion sur l’avenir du travail alors que nos sociétés cumulent d’énormes poches de pauvreté, (y compris dans les pays industrialisés) et des évolutions technologiques qui bouleversent nos industries, nos organisations du travail et le contenu et le statut de celui-ci. Depuis 2013, il a pris diverses initiatives dont la dernière en date se concrétise par la mise en place d’une commission mondiale sur l’avenir du travail.

Tenir compte des valeurs et définir les priorités

Le 21 août dernier, en présence de Mme Ameenah Gurib-Fakim, présidente de l’île Maurice, et de M. Stevan Löfven, Premier ministre de Suède, qui la coprésideront, le directeur général a installé une commission de 20 experts. Deux Français ont été retenus dans la liste des experts : Alain Supiot, professeur au Collège de France, et Alain Déhale, président mondial du groupe Adecco.

Pour le directeur général, l’avenir du travail n’étant pas prédéterminé, il nous revient « de le forger selon des valeurs et les priorités que nous choisissons et grâce aux politiques que nous élaborons et mettons en œuvre ». La commission va réfléchir autour de quatre thèmes : travail et société ; emplois décents pour tous ; organisation du travail et production ; gouvernance au travail. Pour ce faire, elle va notamment se saisir des rapports réalisés par les partenaires sociaux des 110 pays qui ont procédé à une vaste consultation.

Les travaux de la Commission serviront de base à l’adoption d’une Déclaration solennelle, en juin 2019, fondement des travaux futurs de l’OIT. Avoir cent ans est un privilège que ne partagent pas beaucoup d’organisations et qui pourrait l’enfoncer dans une léthargie sympathique. Les dirigeants et les mandants de l’OIT semblent avoir pris conscience de ce risque. Tant mieux. Espérons que le résultat sera à la hauteur de l’enjeu.

Jean-Pierre Delhoménie