Regard sur le syndicalisme international
La solidarité et la défense des droits humains et syndicaux sont les valeurs fondatrices du syndicalisme international. Des valeurs primordiales, sous l’effet conjugué d’une mondialisation économique et financière chaotique et des bouleversements géopolitiques marqués, invasion russe en Ukraine, volonté hégémonique de la Chine, incrustation de mouvements populistes et nationalistes ici et là.
Trois institutions constituent les piliers de ce syndicalisme. La Confédération syndicale internationale (CSI) créée en 2006. Elle représente plus de 200 millions de travailleurs regroupés au sein de 332 organisations, émanant de 163 pays et territoires. Pour la France, les confédérations CFDT, CFTC, CGT et deux confédérations de La Réunion.
La Commission syndicale consultative (TUAC), fondée en 1948, assure l’interface avec les 30 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle comprend 59 centrales syndicales nationales, dont toutes les organisations syndicales françaises représentatives. La Confédération européenne des syndicats (CES), créée en 1973, compte 89 confédérations syndicales nationales émanant de 39 pays. Elle représente 45 millions de membres. L’Irlandaise Esther Lynch en est la secrétaire générale et l’Autrichien Wolfgang Katzian a succédé à Laurent Berger à la présidence.
Dans la sphère de la CES, trois organisations sont à mentionner :
1. L’Institut syndical européen, centre de recherches indépendant qui met son expertise au « service des intérêts des travailleurs européens » et de la CES.
2. Eurocadres, créée en 1993, organisation associée, qui représente 5 millions de cadres.
3. La Fédération européenne des retraités et personnes âgées (Ferpa) est liée à la CES depuis 1992.
L’Europe est le niveau privilégié par les syndicats français
À l’approche des élections européennes au Parlement européen, en juin 2024, il convient de mettre en relief les axes forts du dernier congrès de la CES en 2023. Le programme d’action « Faire Ensemble » s’articule autour du renouveau syndical, de l’avenir du travail, d’une économie populaire favorable à la planète, et de l’avenir européen. Il se propose de renforcer la négociation collective et demande la création d’une « chambre du droit du travail » au sein de la Cour de justice de l’Union européenne.
Il préconise un « pacte de solidarité et de croissance » pour des investissements et la création d’emplois de qualité, dans le cadre du changement climatique et de la transition juste. Il promeut une gouvernance socio-économique et une fiscalité plus juste. Afin de lutter contre l’extrême droite et de renforcer la démocratie, la CES avance l’idée d’un jour férié dans l’UE consacré à la démocratie. Le mouvement syndical, à tous les niveaux, a largement prouvé son utilité pour plus de justice sociale. Dans un contexte où le paysage politique est souvent peu réjouissant, les valeurs portées par le mouvement syndical sont essentielles afin d’accroître le bien-être des travailleurs et travailleuses.
[Jean-Pierre Moussy
Charte des valeurs de la Confédération européenne des syndicats La CES a adopté une charte des valeurs le 24 mai 2023, lors du congrès de Berlin. Portée par la CFDT, elle réaffirme notamment l’incompatibilité du syndicalisme avec l’extrême droite. « L’Europe est une force, c’est aussi le cas dans la lutte contre la montée de l’extrême droite ! », a déclaré Laurent Berger. Aussi, « le syndicalisme doit être en première ligne pour défendre la démocratie et l’État de droit… défendre la démocratie c’est défendre les droits fondamentaux, la dignité des personnes, les droits humains, l’égalité entre toutes et tous ».