UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Retour sur le futur


La nouvelle Commission européenne, dirigée par Ursula von der Leyen, est entrée en fonction le 1er décembre 2019. Dès le 11 décembre, elle a présenté une communication soumise à débat intitulée « Le pacte vert pour l’Europe ». Ce document, approuvé par le Conseil européen, est appelé à structurer le travail des institutions européennes pour les 5 ans à venir.

Des signaux d’alerte d’une évolution climatique préoccupante
L’accord de Paris du 12 décembre 2015, acté lors de la COP21, qui défend l’objectif de maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 2°C, voire 1,5°C, peine à s’appliquer. Les alertes du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) se multiplient. Ses analyses scientifiques portent sur les trajectoires d’émission de gaz à effet de serre, sur les liens entre changement du climat, désertification et dégradation des terres, sur les liens entre changement climatique, océans et cryosphère (ensemble constitué par les glaces qui sont à la surface du globe terrestre).
Les accidents écologiques et climatiques majeurs s’accumulent, parmi lesquels le séisme de magnitude 9,3 dans l’Océan indien et le tsunami qui en résulte touche toute l’Asie du Sud-Est (Indonésie, Sri Lanka, Inde, Thaïlande) en décembre 2004. Le séisme qui ravage Haïti, en janvier 2010, fait près de 250 000 victimes. L’effondrement de deux barrages miniers à Mariana au Brésil, en novembre 2015, plus près de nous les incendies en Australie, de septembre 2019 à janvier 2020, ravagent 6 millions d’hectares et font une trentaine de morts.
Ces dérèglements ont des effets majeurs sur l’écosystème tout comme l’élévation du niveau des mers, l’effondrement des glaciers, la déforestation, la disparition des espèces. Ils ont des conséquences sur le développement économique, l’agriculture, la santé, le déplacement des populations. Il y aurait, selon des travaux de l’ONU, d’ici 2050, un milliard de réfugiés climatiques.
La mobilisation de la jeunesse avec Greta Thunberg qui appelle les responsables publics à agir.

Avec le Pacte vert, la Commission européenne a décidé de relever l’ensemble de ces défis

Il s’agit de « repenser les politiques en matière d’approvisionnement en énergie propre, en matière d’industrie, de production et de consommation, de grandes infrastructures, de transport, d’alimentation, d’agriculture, de construction, de fiscalité ». Pour ce projet ambitieux, l’approche proposée est horizontale et se situe sur le long terme.
Des actions concrètes sont programmées pour les années 2020 et 2021 avec une législation européenne sur l’objectif de neutralité climatique, la révision de la directive sur la taxation de l’énergie, un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières pour certains secteurs. La stratégie industrielle, l’économie circulaire, la finance durable…, la quasi-totalité des secteurs d’activité vont ainsi être revus en fonction de l’objectif central de neutralité climatique. La volonté de la Commission européenne, avec le Parlement, est de s’engager politiquement et concrètement dans la réduction du réchauffement climatique. Il n’en subsiste pas moins des difficultés qu’il convient d’identifier afin de les surmonter.

Quatre difficultés majeures d’ores et déjà identifiées

Le mix énergétique. Lors du Conseil européen du 12 décembre 2019, la Pologne est le seul pays européen à ne pas s’être engagé, dans l’immédiat du moins, sur l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, attaché qu’est ce pays à l’industrie charbonnière. Il faut aussi soulever la question de la place de l’énergie nucléaire, chère à la France, qu’il s’agisse de la sécurité, du stockage et du traitement des déchets nucléaires
Les aspects financiers restent à préciser. Mêmes redéployées, les finances issues du budget de l’UE (1 % du PIB) sont limitées. L’allocation à venir de la moitié des financements de la BEI (Banque européenne d’investissement) pour le climat comme l’attribution de 100 milliards d’euros en soutien aux régions et secteurs les plus affectés par la transition est encourageante mais insuffisante au regard des besoins de transformation du modèle économique.
La fiscalité écologique est un sujet « inflammable » mais pourtant incontournable. Les questions de fiscalité se règlent habituellement au sein de l’UE à l’unanimité des États membres tandis que les disparités entre États sont importantes. Les émissions de CO2 sont ainsi taxées à 112 euros la tonne en Suède, 45 en France alors que cette taxation n’existe ni en Allemagne ni en Italie.
La dimension multilatérale du sujet est évidente mais elle se heurte à la montée des nationalismes et notamment au retrait des États-Unis de l’accord de Paris qui sera effectif en novembre 2020. Les USA seront le seul pays à se désengager officiellement d’un texte signé en décembre 2015 par 197 pays. L’attitude bloquante du Brésil, lors de la COP25, dans les réunions internationales ne facilite pas non plus les négociations.
Cet inventaire des difficultés n’a pas pour objet de renoncer mais, à partir d’une analyse lucide des obstacles, de pouvoir les surmonter afin de réunir tous les atouts pour agir.

Ces sujets concernent le mouvement syndical car il s’agit d’améliorer le bien-être des populations et les conditions de travail des salariés. La CFDT, dès mars 2019, a été à l’initiative d’un « pacte social et écologique » qui au départ a rassemblé 19 organisations : syndicats, fondations, mutuelles, associations environnementales, d’éducation populaire, de lutte contre la pauvreté, de soutien à l’accueil des migrants. Ce pacte rassemble aujourd’hui plus de 50 organisations.
Le Pacte climat de l’Union européenne constitue pour la CFDT une bonne nouvelle pour le futur. Il permet de se projeter, de réconcilier les générations et les préoccupations environnementales. Il s’agit d’un message d’avenir dont il faut se saisir.

Jean-Pierre Moussy

Repères

Les gaz à effet de serre (GES)
Ce sont des gaz produits par des processus naturels ou liés à l’activité humaine qui contribuent à maintenir la chaleur dans l’atmosphère terrestre.
Les Conférences des parties (COP)
 États signataires à la Convention de l’ONU – sur le climat, ou appelées encore Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), sont des temps politiques qui réunissent 197 États autour d’une même table. Les COP mettent en lumière l’enjeu de la lutte des États contre le changement climatique et contribuent à intensifier les efforts pour réduire les émissions nationales de gaz à effet de serre et s’adapter aux changements climatiques.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
Cette instance est chargée d’évaluer l’état des connaissances scientifiques sur l’évolution du climat, ses causes, ses impacts, et formule des recommandations. Ses rapports fournissent des éléments essentiels pour les négociations internationales sur le climat.

En savoir plus

Un pacte vert pour l’Europe

Restaurer les forêts abîmées.
Pixabay