À 17 ans et demi, Suzanne Fratto entre dans le monde du travail. Employée de bureau débutante dans une importante société industrielle d’Alsace, elle est choquée de constater que son salaire est quasiment le double de celui des ouvriers confirmés, assurant des travaux pénibles.

Mener de front carrière professionnelle et éducation des enfants

Malgré la réticence de ses parents, à 20 ans tout juste, elle pose sa candidature comme responsable de l’agence postale de sa commune dont elle prend la direction avec deux facteurs sous ses ordres. Elle a aussi la responsabilité de sommes importantes avec le paiement des pensions, des allocations diverses…

Suite à son mariage, Suzanne quitte son emploi. Sa véritable ambition est d’être mère au foyer et d’élever une nombreuse famille. Mais à 30 ans, elle se retrouve veuve, sans emploi et avec trois jeunes enfants, de 2, 4 et 6 ans. Elle reprend un travail à la poste, mais le salaire est insuffisant pour assurer l’éducation et le bien-être de ses enfants.

Elle postule au Crédit Agricole où, suivant des cours du soir, passant des concours, elle va faire toute sa carrière et terminer directrice d’agence. Cette force de caractère, qui lui a permis, après le décès de son premier mari de « ne pas rester au fond de la piscine, mais de remonter », ne l’a pas quittée tout au long de sa vie. Au bout de plusieurs années, elle se remarie et devient maman d’un garçon.

Rencontre avec la CFDT

Dès son arrivée au Crédit Agricole, elle est contactée par la CFDT. Suzanne écoute, s’informe, se retrouve dans les valeurs défendues par la CFDT, et adhère. Militante engagée, elle assume différentes responsabilités… jusqu’au comité d’entreprise. Durant dix ans, elle est présidente des œuvres sociales du Crédit Agricole d’Alsace et des Vosges.

De son engagement syndical, elle dit : « C’étaient mes loisirs ». Elle parle avec beaucoup d’enthousiasme de ses réunions mensuelles avec les adhérents et les militants, des échanges, des débats.

Toujours salariée du Crédit Agricole, elle s’attache à tenir ses objectifs, pour elle et pour les salariés avec lesquels elle pratique un management basé sur la confiance. Avec sa clientèle, mêmes relations de confiance : certains transféraient même leur compte lors de ses mutations !

Une retraite très syndicale

Pas question de quitter la CFDT, « ma deuxième famille » ! Dès son départ en retraite, avec un de ses collègues, elle crée une section syndicale de retraités FGA (Fédération générale de l’agroalimentaire) qui compte à ce jour 176 adhérents. Présidente de l’Union territoriale des retraités du Bas-Rhin, elle considère que le développement est une activité primordiale. La formation « Adhérents bientôt en retraite » a été mise en œuvre en Alsace dès 2012, et elle continue de faire le plein. La visibilité des retraités du Bas-Rhin est un autre axe de travail. Ils se mobilisent volontiers pour exprimer les revendications de la CFDT Retraités, et photos et articles sont en bonne place dans les journaux régionaux.

Au niveau national, Suzanne Fratto a été membre du bureau de la CFDT Retraités pendant douze ans. Elle demeure très proche de la FGA-CFDT à travers l’Union fédérale des retraités FGA dont elle est secrétaire générale. À ce jour, elle sollicite les jeunes retraités du secteur agroalimentaire à prendre à leur tour des responsabilités.

Mais pas question de quitter « sa seconde famille ». Et sa famille a besoin de son sourire, de sa force de caractère. Et que serait le stand de la FGA au Salon de l’agriculture sans Suzanne et ses collègues retraités ?

Nicole Chauveau