UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Action internationale


Syndicats et populisme en Europe


Le syndicalisme est « génétiquement » humaniste et solidaire. Comment le mouvement syndical réagit-il quand il est confronté à la montée du repli sur soi et de la haine de l'autre ? Béatrice Ouin a enquêté auprès de responsables syndicaux de plusieurs pays européens confrontés à cette question, membres du Comité économique et social européen (CESE). Depuis, le drame d'Oslo a marqué les esprits. Panorama.

Le 15 mai à Bruxelles, Georges Dassis, grec, président des syndicalistes du Comité économique et social européen, enjoint la Commission d’entendre la voix des travailleurs qui souffrent de la politique européenne actuelle, pour enrayer la montée des populistes « qui cultivent la haine et poussent les citoyens les uns contre les autres ». Mais comment les syndicats européens s’attaquent-ils ou pas aux thèses racistes et anti-européennes des partis populistes ?

Ellen Nygren LO Suède

« Nous avons des programmes pour lutter contre le racisme et la xénophobie, des débat sur le lieu de travail, avec les élus d’entreprise au niveau local. Nous organisons des cours, et des membres ont été exclus. Mais cela reste une question ouverte. Nous avons un débat interne vif sur la question de savoir s’il faut ou pas exclure les racistes. Par contre nous n’avons pas d’action spécifique sur le sentiment anti-européen, notre angle d’attaque contre le populisme, c’est le racisme. »

Dana Stechova, CMKOS, République tchèque

« Chez nous, le problème, c’est le racisme contre les Roms, comme en Hongrie, en Bulgarie... Les Roms sont des citoyens européens, ils ne sont pas illégaux, ni noirs… mais marginalisés depuis si longtemps. Les gens connaissent le langage politiquement correct. Alors avant de faire des blagues, ils commencent par dire « je ne suis pas raciste mais... », nos adhérents comme les autres. Chez les responsables, c’est le non-dit qui prévaut. Il nous faut bâtir une politique transversale, comme sur les femmes, pour faire admettre les situations d’inégalités. »

Stefano Palmieri, CGIL, Italie

« Quand nous sommes informés d’actes racistes, nous mobilisons nos équipes de terrain pour les dénoncer. Nous avons aussi des programmes de fond comme la journée de la mémoire, ou des trains pour que les étudiants aillent visiter les camps de concentration. Et nous agissons auprès des travailleurs migrants, pour leur faire connaître leurs droits, régulariser les sans-papiers. En Italie les gens savent qu’être syndiqué, c’est être pour l’Europe même si aujourd’hui, les critiques sur la politique européenne, pas assez sociale, sont partout. »

Thomas Janson, TCO, Suède

« Nous venons d’organiser un séminaire pour les responsables avec la participation de Xavier Verboven, ancien secrétaire général FGTB qui a expliqué qu’en Belgique, le problème a été pris à bras le corps. Il ne suffit pas de dénoncer le racisme, il faut agir pour la diversité dans l’entreprise et dans le syndicat. »

Reijo Paananen, SAK Finlande

« On ne fait rien, parce que beaucoup de candidats du parti populiste sont membres du syndicat. Notre syndicat coopère avec tous les partis, et le parti populiste n’est pas hostile aux syndicats. »

Peter Munch Hansen, LO, Danemark

« Nous, on ne fait rien contre le parti populiste, ils sont anti-européens mais tout le monde au Danemark en a marre de payer pour les autres. Par contre, on fait beaucoup contre le racisme. »

Gabriele Bischoff, DGB, Allemagne

« On agit depuis la réunification, quand a commencé à se développer le populisme de droite en Allemagne de l’Est. On a fait des programmes avec les employeurs, financés par l’État contre le racisme. On organise des débats dans les écoles, avec les apprentis, des concerts, et on a des résultats positifs sur les jeunes. Dans les entreprises, on a des règlements pour que le racisme n’ait pas sa place. »

Beatrice Ouin
Représente la CFDT au CESE

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