Une ville pour vivre ensemble
Questions à Romain Colas, maire de Boussy-Saint-Antoine. Élu maire à 28 ans, et, depuis 2011, vice-président du conseil général de l’Essonne, Romain Colas se présente une nouvelle fois aux suffrages des habitants de sa commune. Réflexions d’un jeune maire de 35 ans sur l’exercice du mandat d’un élu local.
Quelle part la ville a-t-elle dans l’organisation politique de la France ?
La ville est l’outil administratif et politique de la proximité. Les élus locaux et les services municipaux ont une connaissance précise de leur territoire et de ses populations. La ville n’est pas que le lieu où l’on habite et au sein duquel on dispose de services.
Des femmes et des hommes d’origines, d’horizons, de générations, de conditions sociales différentes y apprennent et prennent goût à vivre ensemble. Ce n’est pas pour rien que la devise de Boussy-Saint-Antoine, c’est « vivre ensemble ».
À quelles difficultés êtes-vous confronté ?
Dans le contexte que nous connaissons, la première difficulté est d’ordre financier. J’ai la chance de vivre dans une commune où la situation financière est saine. Et je dégage des marges de manœuvre en optimisant les services municipaux, en affinant la commande publique, en formant et en qualifiant aussi les personnels pour qu’ils puissent s’adapter plus facilement aux changements que nous avons opérés. L’ère de la raréfaction des crédits publics va nous obliger à être plus inventifs, à rendre la réponse publique plus performante encore.
L’autre difficulté vient de ce que les rapports dans la société sont de plus en plus durs, rugueux. L’engagement dans la vie de la cité ne fait plus autant recette qu’avant. Le renouvellement des générations chez les bénévoles a du mal à s’opérer. On est dans une société de plus en plus consumériste. Au regard de l’idée que je me fais du rôle de la ville, ça va être un des enjeux de la période.
La troisième difficulté est liée aux effets de la crise qui se font sentir chez bon nombre de ménages. On le vérifie dans les dossiers que nous avons à instruire au sein du CCAS, dans le volume des aides…
Quel est le rôle premier du centre communal d’action sociale de votre commune ?
Le rôle premier du CCAS est d’être en capacité de prévenir la précarité de la façon la plus précoce possible. Il revient à Pôle Emploi d’accompagner celles et ceux qui ont perdu leur travail. Ce que peut faire la ville, c’est identifier très vite une personne ou un ménage pour lequel la perte d’emploi va créer une situation d’impayés de loyers, de surendettement, une fragilité qu’il convient de traiter le plus en amont possible.
J’ai instauré un principe simple : une grande majorité des familles consomme des prestations municipales. Dès qu’il y a un impayé, on avertit le CCAS, qui prend contact. Notre responsabilité, c’est la prévention. Le but est d’être alors en capacité d’alerter les bons acteurs au bon moment. À l’occasion du « forum local des solidarités », avec l’ensemble des intervenants sociaux, nous avons signé des protocoles de partenariat et d’intervention.
On parle beaucoup depuis quelque temps de réforme territoriale. Sur quoi doivent porter les priorités ?
Le statu quo est impossible ! Si nous ne sommes pas en capacité de mutualiser les politiques publiques et les moyens pour rendre un service public plus performant, à un coût mieux maîtrisé, l’usager va en pâtir.
À l’échelon local, on doit aller beaucoup plus loin sur la mutualisation des moyens de la commune et de l’intercommunalité. À échelle plus large, il nous faut concilier la capacité d’adaptation des réponses aux situations particulières, le respect de la diversité des territoires et le fait démocratique local, qui a été un progrès considérable de ces trente dernières années.
Les élus de proximité sont capables d’apporter, avec les populations concernées, les bonnes réponses. C’est aussi parce que s’exerce sur eux une saine pression démocratique que ces élus aspirent à la performance.
Propos recueillis par Daniel Druesne