UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Voyage en Palestine


Profitant de l’invitation d’un ami de longue date installé en Palestine et spécialiste de cette région, nous sommes partis pour douze jours à la rencontre des Palestiniennes et Palestiniens, des Juives et des Juifs qui luttent pour la Paix et la Justice. Un témoignage.

À la lecture de ce trop court témoignage, certains me taxeront probablement de partialité. D’autres, parfois les mêmes, me diront que 12 jours c’est trop peu pour comprendre un conflit qui n’en finit pas. J’accepte par avance ces réserves tout en disant qu’après pas mal de lectures, rencontrer des femmes et des hommes de terrain et les écouter parler de leur vie au quotidien, même sur une courte période, vous aide à comprendre les enjeux de ce conflit. Sur la partialité, c’est vrai, mais lorsque vous êtes témoin d’une injustice, on ne peut pas rester neutre.

La capitale du monde

Trois jours à Jérusalem vous font dire que cette ville, à nulle autre pareille, mériterait d’être appelée « capitale du monde ». Des hommes et des femmes du monde entier, par dizaines de milliers, y viennent pour découvrir les lieux saints et prier. On peut sourire de leur ferveur, on ne peut y rester indifférent.
Jérusalem est un concentré de l’humanité. C’est aussi la Ville sainte où se côtoient les trois religions monothéistes : judaïsme, chrétienté, islam, chacune ayant de bonnes raisons de considérer avoir droit à un bout de ce territoire, d’y avoir sa place pour que ses fidèles puissent y prier en toute liberté et sécurité.
Ce territoire, Israël et Palestine rassemblés, devrait être celui de la concorde et de la paix. Hélas, nous le savons, c’est depuis plus de 50 ans celui de la guerre, de l’injustice et de l’humiliation de tout un peuple.

Trois principes de base

En effet, les autorités israéliennes, soutenues par la droite nationale religieuse, mènent aux Palestiniens une guerre basée sur trois principes :
 La Palestine est un non-territoire et les Palestiniens eux-mêmes n’existent pas. Ce sont des étrangers dans leur propre pays. Un rabbin a été jusqu’à dire que les Palestiniens étaient des cancrelats.
 Les juifs israéliens n’envahissent pas. Ils reviennent chez eux. Ils sont, disent-ils, le peuple élu, la quintessence du bien. Le remplacement des autochtones est donc une entreprise morale sans tache ni injustices commises.
 Nous ne sommes plus en 1947, première guerre au cours de laquelle 800 000 Palestiniens furent poussés à s’exiler au Liban, en Syrie et en Jordanie. Aujourd’hui, cela semble difficile à faire avaler à la communauté internationale. Alors une arme plus insidieuse est utilisée : celle de l’usure, du harcèlement et de l’humiliation. Il faut rendre la vie des Palestiniens impossible pour les pousser à partir.

L’humiliation quotidienne

Cela se décline de diverses façons. Elles sont le plus souvent mises en œuvre par les autorités et restent impunies lorsque les auteurs sont des individus dont on connaît cependant l’identité.
 Restrictions d’eau : une canalisation peut passer au bout de votre jardin ou champ mais vous n’avez pas le droit de vous y brancher ni même de creuser un puits sur votre propriété.
 Les colonies qui illégalement viennent s’implanter autour d’un village et petit à petit grignotent votre territoire. En 1993, il y avait 260 000 colons. En 2003, 440 000 et en 2013, 560 000. Pour 60 % les colons sont des nationalistes et des religieux orthodoxes.
 La fragmentation du territoire en plusieurs zones. Cela a pour conséquence la multiplication des checkpoints mais aussi l’interdiction pour les Palestiniens d’utiliser certaines routes sous peine de prison. Un cultivateur peut avoir son champ coupé par une route, qu’il n’aura pas le droit de traverser. Pour y accéder, il lui faudra parfois faire plusieurs kilomètres…
Et nous pourrions ainsi continuer la liste.

Quel avenir ?

Difficile dans ces conditions de rencontrer des Palestiniens optimistes. Sans implication de la communauté internationale (les USA, c’est mal parti !) mais aussi de l’Europe, l’avenir paraît bouché. Malgré cela, dans nos rencontres, nous avons constaté que l’espoir de rester et de vivre dans sa patrie reste encore très vivace.

Côté israélien, aussi, des hommes et des femmes se battent pour une coexistence pacifique entre les deux peuples. Récemment, des milliers de femmes israéliennes, musulmanes, chrétiennes ont manifesté devant le domicile de Netanyahou pour crier leur désir de paix. Certaines femmes se sont regroupées pour surveiller le comportement des soldats aux checkpoints et essayer par leur simple présence d’améliorer la manière dont ils se conduisent.

Deux femmes israéliennes rencontrées (l’une juive, l’autre catholique) nous ont dit avoir honte de leur pays. Pour elles, si on se bat, on n’est pas sûr de gagner, mais si on ne fait rien, on est sûr de perdre. Alors, malgré les difficultés, les risques encourus et l’absence de résultat, elles continuent leur combat. Comment ne pas les soutenir ?

Guy Gouyet

A Naplouse, l’avenir paraît bouché.
DR