UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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C’était… de 1954 à 1962


À l’occasion du soixantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, un retour sur ces événements s’impose. Trois regards, trois époques, trois personnes pour évoquer cette période douloureuse dont les blessures perdurent.

La guerre d’Algérie, prend-elle fin aux accords d’Évian le 19 mars 1962 ?

Longtemps les archives en France ont été fermées. À partir des années 2000, de nombreux historiens ont pu travailler sur l’histoire des faits. En 1999, l’Assemblée nationale admet officiellement que « les événements d’Algérie », entre 1954 et 1962, étaient bien une guerre. Plusieurs polémiques ont suivi pour déterminer la date de fin de la guerre. Malgré les gestes forts des différents gouvernements français pour apaiser les tensions (reconnaissance de la responsabilité de la France pour les massacres de Sétif en 1945, dénonciation et condamnation du système colonial, regrets à propos de la « sanglante répression » de la manifestation des Algériens de Paris le 17 octobre 1961, la « guerre des mémoires » n’est pas terminée.

Benjamin Stora, dont le rapport en libre accès sur Internet a pour but de « dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation de la guerre d’Algérie », propose de constituer une commission « Mémoire et Vérité » chargée de recueillir la parole des « survivants de la guerre » des deux côtés de la Méditerranée.

La CFTC dans la tourmente

Pendant la guerre d’Algérie, la région parisienne vit au rythme des mesures imposées aux salariés algériens, notamment le couvre-feu. Très vite, la CFTC se positionne pour l’autodétermination du peuple algérien. L’Organisation Armée Secrète (OAS) mène une vague d’attentats dans sa lutte pour une Algérie française. Plusieurs personnalités politiques et syndicales sont ciblées. Des charges plastiques explosent au domaine de Bierville le 27 mai 1961, en représailles au positionnement de la CFTC.

Malgré l’interdiction de la Préfecture de Police, la CGT, l’URP-CFTC, L’UNEF, le SGEN et la FEN maintiennent leur appel à manifester le 8 février 1962 pour protester contre les attentats de l’OAS. Durant ce rassemblement, huit personnes décèdent dans la station Charonne où les manifestants s’étaient engouffrés face à la charge de la police. Une foule innombrable suivit leurs obsèques le 13 février. Des arrêts de travail et cérémonies en hommage aux victimes eurent lieu dans toute la France. Une neuvième victime décédera quelques mois plus tard.

Témoigner, pas si simple

Beaucoup de ceux qui ont fait la guerre d’Algérie n’ont rien dit de ce qu’ils avaient vécu à leur retour à la vie civile. Ils avaient hâte d’échapper au plus vite à ce cauchemar. Pourtant, il fallait parler, dire ce qu’ils avaient vu, ce qu’ils avaient enduré physiquement et mentalement.

Cinquante ans plus tard, une dizaine d’entre eux ont témoigné dans le film, Sommes-nous revenus d’Algérie ?, tourné dans un quartier de Saint-Étienne et projeté dans les cinémas. Mais ce sont les projections et débats dans les lycées qui furent les plus sensibles avec souvent beaucoup d’émotion chez les anciens d’Algérie qui ressentaient, au travers des questions et des applaudissements de ces jeunes, une vraie compassion à leur égard.

Mais parfois, des tensions plus fortes, à l’exemple de ce lycée rassemblant des élèves d’origines diverses. Les enseignants avaient souhaité, après diffusion du film, ouvrir des débats avec des témoins de ce film. Le moment venu, cinq élèves s’étaient présentés dans la salle, les autres manifestant leur désaccord en restant dans la cour. Une autre classe du lycée vint alors à la rescousse et les explications purent alors s’engager. Oui, les jeunes des années 1950-1960 ont, eux aussi, été victimes d’un système politique colonial incapable de prendre en considération les aspirations d’un peuple à être libre.

Danielle Rived, Michelle Aribaud, Geo Goubier