UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Notre activité


La lutte contre la dénutrition est l’affaire de tous


« En établissement comme à domicile, la bonne nutrition est essentielle. En son absence, elle comporte des conséquences graves ignorées pour le grand âge », souligne Magali Baudot, cadre-diététicienne à l’hôpital des Magnolias et à la résidence Europa de Ballainvilliers en Essonne, lors d’un Inter CVS.

La dénutrition touche 15 à 38 % des résidents en Ehpad, avec des conséquences notoires sur leur autonomie (risque de chutes), leur santé (aggravation de maladies sous-jacentes) et, in fine, leur espérance de vie. Ce qui détermine la dénutrition, c’est la variation de poids et de l’IMC (Indice de masse corporelle).

Contrairement aux idées reçues, les besoins nutritionnels d’une personne âgée sont très importants (plus que ceux d’un adolescent), car elle dépense beaucoup d’énergie pour rester en bonne santé, lutter contre une éventuelle pathologie. Il ne faut pas confondre dénutrition et malnutrition. La malnutrition, c’est lorsqu’il y a carence en vitamines, en sels minéraux, etc.

Lutter contre la perte d’appétit

La perte de l’appétit est fréquente dans le grand âge, pour de multiples raisons. Perte du goût et de l’odorat, satiété plus précoce, digestion plus lente, altération de la denture, stress lié au changement de lieu de vie.

Plus on maigrit, moins on a faim. Il faut casser très vite ce cercle vicieux. Pour maintenir un bon état nutritionnel, il faut entretenir une bonne hygiène dentaire (le plus important, et le plus compliqué), se laver les dents quotidiennement, vérifier que l’appareil est adapté et nettoyé. Les familles ont un rôle de surveillance à jouer de ce point de vue. Il faut aussi prendre rendez-vous une fois par an chez le dentiste. Le personnel doit être formé à l’alimentation des personnes âgées et à l’hygiène bucco-dentaire.

Le plaisir de manger est à favoriser. Faire en sorte que l’alimentation soit variée, équilibrée et bonne. En Ehpad, c’est très réglementé, on ne peut pas faire n’importe quoi, c’est proposer des repas riches en protéines. Les personnes âgées ont besoin de plus de protéines et de produits laitiers que les autres. Il faut limiter au maximum les régimes sans sel, soigner la présentation des plats. C’est essentiel pour donner envie de manger, y compris les textures modifiées (hachées, mixées).

Autres priorités, respecter un jeûne de 3 heures entre le goûter et le dîner, pour que les résidents aient suffisamment faim le soir, et le limiter à 12 heures entre le dîner et le petit-déjeuner du lendemain.

La convivialité et l’activité physique sont essentielles

Favoriser la convivialité, préférer les repas en salle à manger plutôt qu’en chambre, établir des plans de table avec des voisins qui s’entendent bien. Laisser les résidents manger à leur rythme, ne pas les presser, aider sans faire à la place pour maintenir l’autonomie, s’asseoir à la même hauteur que le résident, le regarder dans les yeux pour établir le contact.

Favoriser l’activité physique est essentiel pour mettre en appétit, conserver l’autonomie le plus longtemps possible, limiter la perte musculaire, osseuse, la constipation.

Lutter contre la déshydratation

Il faut être très vigilant aussi sur les apports hydriques, car la sensation de soif diminue avec l’âge. Boire moins de huit « verres » par jour expose à un risque de déshydratation. La soupe est considérée comme un apport hydrique. On peut en proposer à chaque dîner. Les bouteilles d’eau en plastique doivent être changées tous les jours. L’idéal, pour des raisons écologiques, serait d’avoir des fontaines à eau.

Assurément, l’alimentation est l’affaire de tous, de la direction, des équipes soignantes, des familles et du CVS en Ehpad, des aidants familiaux et des auxiliaires de vie à domicile.

Propos recueillis par Jacques Rastoul