UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Le CESE s’empare des métiers du lien au domicile des personnes vulnérables


Rapporteure de l’avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) « Le travail à domicile auprès des personnes vulnérables », Nathalie Canieux (chargée de mission CFDT) a montré combien les professions du soin et de l’accompagnement à domicile sont peu reconnues et a présenté les voies de progrès.

La pandémie a mis en évidence le rôle social majeur de ces professions. Quels sont les enjeux de ton rapport ?

Nathalie Canieux
D.R.

L’attractivité ! Recruter des jeunes. Si j’ai 20 ans aujourd’hui et que je veux emprunter cette « filière », j’y renonce tellement les salaires sont bas, sans aucune garantie d’avoir un contrat à durée déterminée, ni un temps plein. La pyramide des âges est très inquiétante et la crise sanitaire a découragé des vocations. Or le besoin de nouveaux professionnels est énorme.
C’est l’invisibilité de ces professions qui est un sujet. Il s’agit en fait d’apporter à tous les salariés du domicile, quelle que soit leur branche, une chance de parcours. Pour cela des passerelles sont indispensables entre les différentes formations. Ce qui suppose qu’on organise diplômes et certifications dans un souci de cohérence.

Parmi les pistes d’amélioration, tu soulèves une réforme de la gouvernance territoriale du système. Qu’en est-il ?

Le département est à la fois évaluateur du degré de dépendance ou de handicap, financeur des bénéficiaires, organisateur de l’offre et expert de la demande. Quelque chose ne va pas bien ! Tout cela nous a paru confus et nous alertons les pouvoirs publics parce que les conséquences sont importantes sur la qualité du service. C’est l’objet de certaines préconisations sur le temps d’intervention, le financement au forfait, le tarif national socle.
L’avis interpelle les pouvoirs publics sur la gouvernance en se positionnant clairement pour une pluri-annualité des financements afin de donner de la visibilité aux départements. Ils le demandent. Nous préconisons aussi un mode pluriannuel de financement des formations pour prévoir un « Plan métiers » que le CESE considère comme stratégique et éligible au plan de relance sinon au projet du commissaire au plan sur les filières stratégiques.

Justement, l’avis veut faire de la loi pour l’autonomie et le grand âge une loi de programmation prenant toute sa place dans le dispositif du plan de relance. Pourquoi et comment ?

Parce que c’est de l’emploi non délocalisable qui répond aux besoins de formations initiales des jeunes et de reconversions professionnelles à condition de ne pas y mettre que des femmes. Qui plus est, ces formations ne sont pas si longues à obtenir. Il y a un besoin urgent de professionnels et une demande urgente d’emplois. Si ce n’est pas une opportunité pour le plan de relance !
Urgence, pas précipitation ! Il faut légiférer pour clarifier les droits des usagers (cinquième branche, qui finance, à quelle hauteur ? etc.). Et légiférer aussi sur ces métiers du lien. Attention à ne pas définir des filières métiers inappropriées re-segmentées. Ces professionnelles ne sont pas compétentes que sur le grand âge. Le CESE alerte sur ce risque de rétrécissement du champ des possibles.

Ton rapport n’appelle-t-il pas des suites au sein de la CFDT, notamment avec les aidants ?

Oui, il y a matière à engager des débats au sein de la CFDT et au-delà. L’audition des aidants familiaux lors de cet avis a été contributrice au besoin de formation des professionnels mais des débats restent à construire au regard de la complexité du secteur. Les professionnels du domicile doivent gérer des affects positifs et négatifs avec les personnes dépendantes et leur entourage familial. Le bien-être des personnes accompagnées, leurs aidants et les conditions de travail des professionnels sont des voies qui permettront d’organiser le dialogue dont les personnels et les personnes ont besoin.

Propos recueillis par Gérard Lopez