UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Actu revendicative


Jusqu’où utiliser des cellules souches pour nous soigner ?


Pas un jour sans de nouvelles découvertes scientifiques. Les cellules souches vont prochainement agiter à nouveau le débat public. Jusqu'où faut-il aller ? Elisabeth Matthys-Rochon nous explique. Docteur d'État ès sciences, biologiste spécialiste de la vie cellulaire et du développement embryonnaire, aujourd'hui retraitée, elle est impliquée dans différents débats éthiques en rapport avec la préparation des « Etats généraux de la bioéthique » de 2010.

Les cellules souches se divisent à l’infini et peuvent donner des types cellulaires variés, musculaires, nerveux, sanguins, osseux… D’où leur intérêt car elles peuvent être utilisées dans le cadre d’une médecine réparatrice ou régénérative.

Ces cellules se forment au fur et à mesure des développements embryonnaire, fœtal, de l’enfant et de l’adulte. Trois catégories sont identifiables. D’abord, les cellules souches provenant du très petit embryon formé après la fécondation dans les voies utérines (cellules souches embryonnaires) et au cours du développement de l’embryon après son implantation. Puis celles présentes dans le liquide amniotique dans lequel baigne le fœtus et le sang du cordon ombilical (reliant la mère à l’enfant). Enfin celles mises en évidence chez l’adulte (sang, moelle osseuse...) appelées « cellules souches adultes ».

Quelle problématique pour les cellules souches ?

L’embryon peut être formé dans l’utérus ou hors de l’organisme dans le cadre de la fécondation In Vitro. Dans ce cas, les cellules reproductrices mâles et femelles (gamètes) sont mises en présence, dans des boîtes stériles. Elles fusionnent et peuvent donner des « œufs » puis des embryons. Directement accessibles et en cas d’infertilité parentale, ils sont transférés dans l’utérus de la mère. Certains ne sont pas utilisés (embryons surnuméraires) et peuvent être « donnés à la science » afin de prélever les cellules souches qu’ils contiennent.

Cette disposition achoppe car l’embryon est détruit et, aux yeux de certains, la « dignité de l’être humain » n’est pas respectée. Ces cellules souches embryonnaires ne seraient donc pas « éthiques » contrairement aux autres types. Or les potentialités des cellules souches embryonnaires sont beaucoup plus larges que celles des autres catégories.

L’évolution possible de la loi de 2004

La recherche sur les embryons surnuméraires ne faisant plus partie d’un projet parental a été autorisée dans des conditions très strictes et par des laboratoires sélectionnés. Les scientifiques souhaitent que cette possibilité soit élargie tout en étant encadrée. Au nom du respect de l’embryon, certains citoyens plaident pour l’arrêt de ces recherches. Quelles que soient les modifications à venir, la France applique pour les dons de gamètes ou d’embryons les principes d’anonymat, de gratuité et de non publicité.

Et l’homme dans tout cela ?

Les lois qui vont être révisées portent sur le statut de l’embryon, le don de gamètes, d’embryons, les diagnostics préimplantatoires et prénataux, les tests prédictifs, la maternité par et pour autrui, le bébé médicament, le clonage… Ces pratiques mettent en cause des habitudes sociétales, des repères, comme celui de la filiation, et réinterrogent l’existence humaine et son devenir. Nous sommes donc appelés à réfléchir sur la vie au regard de toutes les technologies nouvelles. L’heure est à l’éthique de la responsabilité afin de construire un monde respectueux de l’humain pour les hommes d’aujourd’hui et pour les générations futures.

Elisabeth Matthys-Rochon
(pour la CFDT Retraités)