Adapter les logements : une exigence sociétale
La France a fait le choix depuis les années 2000 de privilégier le maintien à domicile. Elle reste encore bien loin d'une réponse à hauteur des besoins.
L’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat (ANAH) estime à près de deux millions le nombre de personnes âgées de plus de soixante ans qui auraient besoin d’une adaptation de leur logement. Ce chiffre ne concerne que le court terme. La population va vieillir très sensiblement dans les décennies à venir. Ainsi selon l’Insee, le nombre des personnes âgées de 60 ans et plus devrait doubler à l’horizon 2050. Quant aux 85 ans et plus, leur nombre serait multiplié par quatre. Il va donc falloir mettre les bouchées doubles pour ne pas dire quadruples.
Pour faire face à cette évolution, de nombreuses propositions sont désormais avancées tant par les structures d’État, des spécialistes, le mouvement associatif ou les partenaires sociaux. Elles proposent entre autres d’accélérer le rythme de production de logements neufs adaptés, la transformation de logements existants, la création d’un guichet unique d’information, le renforcement des aides publiques ciblées tout comme de s’attaquer aux problèmes d’accessibilité dans l’environnement immédiat.
Enjeux majeurs
Sont donc également abordés les aspects pratiques d’adaptation de zones piétonnières, d’amélioration des transports en commun, d’accessibilité des immeubles. De même va se poser de façon plus aigüe la nécessité de renforcer les diverses aides à domicile en matière de santé, de repas, d’alarme de sécurité.
C‘est toute une conception de la place faite aux personnes âgées dans notre société qui est à repenser comme l’ont souligné l’ensemble des participants à la table ronde du récent congrès de l’UCR. Muriel Boulmier, auteure de multiples rapports sur le logement, avait souligné à Metz la nécessité de ne plus considérer les personnes âgées comme un public spécifique et de se poser la question de savoir « où et comment vieillir toutes générations confondues ».
Dans une société de plus en plus éclatée le problème du mieux « vivre ensemble » se pose de façon accrue. Mettre en place une véritable politique d’adaptation du logement dans un pays voué au vieillissement, des services à hauteur des attentes, mais aussi créer une dynamique de mixité sociale, de véritable vie intergénérationnelle et de solidarité de proximité sont autant d’enjeux majeurs pour un avenir à hauteur des ambitions affichées.
Jean-Paul Rueff