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« Le projet européen ne remet pas en cause la souveraineté de la France », Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT


Questions à Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT, responsable de la politique internationale et européenne sur les enjeux des élections européennes.

Sommaire du dossier
 Le 26 mai 2019 donnons de la force à l’Europe
 Les enjeux des élections européennes du 26 mai
 Quelques inspirateurs de l’Europe
 La question de l’Europe sociale
 Les cinq premières fois
 « Le projet européen ne remet pas en cause la souveraineté de la France », Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT
 Que fait l’Europe pour ses citoyens ?

Quelles sont les raisons l’engagement de la CFDT en faveur de la construction européenne ?

Le projet européen vise à unir les peuples pour vivre en paix et bénéficier du progrès économique et social. Ce projet a obtenu de grandes réussites : quand on compare au reste du monde, l’Union européenne représente un ilot de paix, de prospérité et de protection sociale, malgré ses insuffisances. Les changements technologiques, les problèmes environnementaux, la montée des pays émergents, ainsi que notre évolution démographique et les inégalités internes à l’Europe, exigent des adaptations de grande ampleur.

La France, pas plus qu’aucun autre pays européen, ne peut faire face seule à ces défis. Le projet européen ne remet pas en cause la souveraineté de la France, au contraire, il permet de la sauvegarder face aux géants russe, chinois ou nord-américain. Les Européens doivent s’unir pour préserver leurs valeurs de démocratie, de liberté et de solidarité, et pour que l’économie européenne assure leur bien-être et la protection de leur environnement. Ce n’est pas toujours simple, au vu de la diversité des situations, des histoires et des cultures, mais nous pouvons en faire une richesse. Cela demande un engagement fort des acteurs qui partagent cette ambition.

Quels sont les points sur lesquels la CFDT va insister lors de la campagne des élections européennes ?

Les prochaines élections européennes sont cruciales pour l’avenir de l’Europe. L’UE et les Etats membres (qui accusent souvent « Bruxelles », mais qui ont une large part de responsabilité), ont laissé s’accroître les inégalités, la pauvreté, la précarité, et n’ont pas suffisamment relevé les défis des transitions écologiques, numériques et démographiques. Ils ont très mal géré la politique migratoire. Les populismes de tout bord exploitent ces difficultés pour prôner le repli national. Les partis racistes et xénophobes utilisent les migrants comme boucs émissaires.

Cependant, depuis 2014, des progrès significatifs ont été faits : le Plan Junker a permis de financer des projets d’avenir pour l’Europe et la proclamation du Socle européen des droits sociaux (SEDS) en novembre 2017 commence à être suivie d’effets : révision de la Directive détachement pour lutter contre le dumping social, intégration d’un tableau de bord social aux procédures de gouvernance économique, projet d’Autorité européenne du Travail, amélioration des droits dans les Directives en cours de discussion…

Le travail mené par le syndicalisme européen au sein de la CES y a contribué. Ces progrès ne sont pas toujours à la hauteur de nos espoirs, notamment à cause de gouvernements populistes (Hongrie, Pologne, Autriche, et maintenant Italie) qui empêchent le Conseil de valider des propositions de la Commission et du Parlement européen qui vont dans le bon sens. Le syndicalisme européen continue à se battre, mais si le Parlement est sous forte influence des partis eurosceptiques, ce sera plus difficile d’avancer. Il faut donc mobiliser les travailleurs pour qu’ils aillent voter en faveur de candidats qui défendent le projet européen.

La CFDT axera sa campagne sur la mise en œuvre du SEDS, avec des propositions concrètes comme la mise en place de salaires minimum dans chaque pays de l’UE au moins égal à 60% du salaire médian, la création d’un fonds pour aider les transitions, ou l’organisation d’un système de réassurance chômage européenne pour aider les pays le plus en difficulté à garantir les droits de leurs demandeurs d’emploi, tout en jouant un rôle de stabilisation économique. Sur le plan économique, nous avons aussi des propositions concrètes pour l’harmonisation de la fiscalité des entreprises ou le renforcement des capacités budgétaires de l’UE et de la zone Euro. L’objectif est de lutter contre le dumping social et fiscal, et de soutenir un nouveau modèle de développement économique axé sur la durabilité.

Quels sont les moyens que la Confédération va mettre à disposition de ses organisations et militants ?

La Confédération met au point une série d’outils de campagne. Un numéro de CFDT Magazine sera consacré à l’Europe. Elle encourage ses structures à organiser des débats sur les élections européennes. Un événement est prévu début mai par la CES (Confédération européenne des syndicats), auquel la CFDT s’associera. Un débat aura lieu au CNC du mois de mai avec des représentants des candidats « républicains » auxquels on aura soumis nos propositions.

Propos recueilli par Jean-Pierre Moussy

Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT. (Photo Virginie de Galzain)
Photo Virginie de Galzain